Secrets de photographes
Philippe Ayral







Chambre : Canham 5x7"
Dos 4x5"
Objectif : G-Claron 9 / 305 mm
Pied : Zone VI en bois
Temps : 1/8
Ouverture : f/16 (la netteté est d'abord réglée par les mouvements des corps avant et arrière)
Film : Kodak Tri-X utilisé à 250 ASA
Spotmètre digital Pentax modifié et calibré pour du TXP par Zone VI.
Cuve Jobo Expert Drum roulée sur un vieux moteur Unicolor.



             Ce travail en cours depuis un an est sur un torrent de montagne, "Le Bronze" qui se trouve en Haute-Savoie. Il répond à mon amour de la lumière et me permet de poursuivre ma recherche sur de nouvelles façons de présenter un sujet en utilisant des formes de "récit" de la vision du photographe. Ces façons peuvent être diverses: diptyques, triptyques ou plus (se référer aux séries de Soulages le peintre), sous formes de séries descriptives ou de travelling images façon cinéma (cf Histoires de pierre, ma dernière expo).

             Le platinotype est un processus d'impression qui a plus de cent ans, initialement breveté en 1873 par William Willis, qui plus tard a fondé la "Platinotype Company". Le papier au platine était disponible dans la première partie du 20ème siècle, fabriqué par une variété de constructeurs en Europe et aux Etats-Unis. Les photographies au platine étaient très populaires, car elles se prêtaient bien aux critères de beauté de l'époque, les tirages argentiques étant considérés comme de deuxième zone. La révolution russe et la 1ère guerre mondiale ont causé l'augmentation du prix des métaux de la famille du platine. Ajouté à cela l'arrivée progressive des appareils de petit format et on comprend qu'un grand nombre de fabriques ont arrêté la confection de papiers. Les dernières fabrications anglaises ont cessé à la deuxième guerre mondiale.

             Parmi les grands noms ayant utilisé cette technique à cette époque on peut citer Paul Strand, Edward Weston, Walker Evans. Quelques photographes ont continué à produire des platinotypes, produisant eux-mêmes leur papier.

             Le platinotype renaît dans les années 1960-70, quand certains papiers argentiques disparaissent. Les photographes s'intéressent à la longue échelle tonale du platine et recommencent à l'utiliser. Ils se rendent compte des divers avantages:
- Le choix du papier permet de changer la tonalité et le rendu de l'image.
- Le mélange de platine et de Palladium dans différentes combinaisons contrôle la couleur.
- L'image, formée de métaux nobles, est relativement insensible aux agressions atmosphériques.
- La durée de vie est très supérieure à tous les procédés argentiques pour autant que le papier support est bien conservé.
- L'application à la main amène une certaine unicité à chaque tirage.
Le procédé au platine est une méthode d'impression par contact. Ceci signifie que le négatif est en contact direct avec le papier et qu'il est à la taille de l'image finale. Les particules de platine sont dans les fibres du papier (et non au-dessus comme dans les papiers barytés) ainsi l'image provoque une sensation plus proche de celle ressentie face à une gravure. Ce processus vénérable est devenu de plus en plus populaire ces dernières années.

             La subtilité des nuances et la permanence des tirages font que le procédé au platine et au palladium est considéré comme l'un des summums de la photographie alternative. Les platinotypes sont appréciés par les galeries, les musées et les collectionneurs d'art pour leur stabilité et leur beauté inégalée. Sous le nom générique de procédé alternatif (comme une alternative aux procédés argentiques: utilisant les sels d'argent pour la formation de l'image) le tirage platine/palladium est aussi une alternative à l'oppression des grands fabricants qui n'hésitent pas à supprimer régulièrement leurs meilleurs produits des catalogues, à ne pas les importer dans certains pays, ou pire à modifier leur composition chimique sans avertir le client/consommateur.


Consulter cette page  pour une présentation technique du développement Pt-Pd.


             Prétrempage du film 5 mn dans un bain alkalin pour favoriser l'action du pyrogallol (sodium metaborate). Fixé 5 mn dans du F-24 et lavé comme il se doit.

             Chimies de développement : Rollo Pyro dilué 1+2+50 pendant 10 mn (développement dit "normal" pour ce type de situation et pour un tirage au platine/palladium).

             Tirage par contact des trois négatifs ensemble sous une caisse d'exposition aux UV constituée de 6 tubes UV-A Philips TL-K 40 (fabrication maison)

             Papier : Arches Platine
L'émulsion préparée par mes soins sans agent contrastant est constituée de 16 gouttes de Ferric Oxalate + 16 gouttes de Sodium Chloropalladite.
Temps d'exposition 4 mn 45.

             Le couchage de l'émulsion sur le papier a été réalisé à l'aide d'un "puddle pusher" soit un tube de verre avec une poignée.
Développement 1 mn dans de l'Oxalate de Potassium à 42° C.