Secrets de photographes
Anne Jolly







Boîtier : Canon, EOS 5
Objectif : Canon, 100 mm macro
Film : Fuji, Velvia
Pied : Slik, Able 300 DX
Autre : Déclencheur souple



             Généralement, j'achète des fleurs dans le but de les photographier. C'est-à-dire que je ne photographie que très rarement un bouquet qui avait pour fonction initiale de décorer mon intérieur. De fait, il est souvent préférable de ne pas regarder l'envers du bouquet que je photographie, qui cache des astuces diverses pour faire tenir les fleurs dans la position que je souhaite et qui est plus ou moins dégarni. Le point de départ de la construction de l'image est donc constitué par les fleurs ; ici des bonnis teintés en orange.

Le sujet principal :

             Le vase est choisi en fonction de sa forme mais surtout de sa couleur qui doit s'harmoniser avec celle des fleurs. Lorsque le bouquet est composé de fleurs différentes, il faut qu'un équilibre se crée entre leurs couleurs, leurs formes et leurs textures. Des fleurs très différentes ont des fonctions différentes dans un bouquet : la fleur principale est adoucie et mise en valeur par la fleur-accessoire.
Ici, le bouquet a été construit de manière irrégulière pour créer une dynamique :
- Sont associées aux bonnis arrivés à maturité, des fleurs à la structure très différentes (grappes de petites fleurs et fleurs encore fermées) mais dans les mêmes tons.
- Les tiges ne sont pas toutes coupées à la même longueur.
- Le bouquet est faussement coupé en deux, chaque fleur dominant un côté du bouquet mais débordant légèrement sur l'autre côté.

Les fonds :

             Le fond noir n'étant pas assez naturel à mon goût, j'évite d'y avoir recours car je suis presque toujours mécontente du résultat. Ici, le fond est constitué d'une feuille de papier vert foncé accrochée au mur. Le bouquet est déposé sur une feuille de papier vert clair incrustée de petites feuilles et de pétales oranges.

Les accessoires :

             Ils vont habiller le reste de l'image. Je trouve en effet peu soignées les images où l'on voit la séparation entre le fond et le plan horizontal de l'image. J'ai donc dissimulé les jointures avec de petits objets. Cette technique me semble élégante mais présente l'inconvénient parfois de fournir une image un peu chargée. Ces accessoires doivent s'harmoniser avec les fleurs, le vase et le fond à différents niveaux : couleur, style, pertinence de l'association, etc.
Ici, j'ai tout simplement utilisé de grosses feuilles et des fleurs. Posées sur le plan horizontal, les fleurs rappellent le bouquet et créent un enchaînement sans rupture entre les plans horizontal et vertical. Quelques fleurs ont été détachées de leur tige pour être maniées plus facilement et quelques pétales ont été arrachés pour être dispersés sur la composition.
Enfin, pour éviter que le bouquet ne semble trop se détacher du fond, des plantes vertes ont été disposées de part et d'autre du bouquet, les feuilles venant se joindre à la composition.

             Lorsque tout est à peu près en place, j'installe l'appareil photo et débute alors d'incessants allers-retours entre le viseur et la composition, jusqu'à ce que je sois satisfaite de l'image globale : agencement des différents objets, disposition dans le cadre, etc. Cela devient très subjectif. Si je ne "sens" pas l'image il est inutile que je déclenche. A chaque fois que j'ai déclenché alors que je sentais qu'un petit quelque chose indéfinissable ne collait pas, la photo ne m'a pas plue.

             Il s'agit ici d'une photo prise en lumière naturelle. Une fenêtre éclaire la composition par la gauche et un réflecteur blanc débouche les ombres à droite. J'ai fait la mesure de la lumière sur une charte gris neutre et j'ai bracketté à +/- 0,5 IL autour de l'exposition obtenue.