Secrets de photographes
François Panchout







Boîtier : Canon D30
Objectif : Sigma 105 EX Macro
Focale : 105 x 1,6 (voir pourquoi plus loin)
Temps : 1/60 s
Capteur réglé : 200 ISO
Ouverture : environ F/13
Capteur CMOS
Filtres : aucun
Matériel d'éclairage : Flash annulaire MR14 EX + Flash 420 EX + Soleil
Logiciels de retouche : Photoshop 6.0
Autres : Tireuse Fuji Frontier



I. Le contexte

             Cette photographie a été prise sur les coteaux de la commune de Sandouville (Seine-maritime - Normandie) début mai 2002. J'ai choisi cet endroit pour plusieurs raisons. Tout d'abord il est exposé plein sud ce qui garantit une lumière puissante l'après-midi. Ceci est très important en macrophotographie car la lumière et la profondeur de champ sont les deux plus gros problèmes à régler. La deuxième raison est que l'endroit est un chemin entouré de ronces et entouré d'un petit bois. On y trouve donc une faune assez intéressante et assez diversifiée. Il règne même dans cet endroit un microclimat pré-méditerranéen tel, qu'on y rencontre selon certains entomologistes des cigales et des mantes religieuses. Or ces animaux ne se rencontrent que bien plus bas en France.

             J'ai donc trouvé ce petit coléoptère sous une feuille morte. Je trouvais l'insecte intéressant, mais la feuille et le milieu où il se trouvait ne me plaisait pas. Je l'ai donc pris et je l'ai posé délicatement sur une tige dont la couleur permettait de rehausser un peu le noir de l'animal.

            
II. Le matériel

             Afin de réaliser mes images en macro, j'utilise donc un Canon D30 avec poignée et deux back PB511 ainsi qu'un objectif Sigma 105 EX Macro. Si j'ai choisi le Canon D30, c'est pour me permettre de visionner tout de suite ma photo. Cela permet de voir tout ce que donne la lumière, la position de l'insecte etc. En effet, les insectes sont rarement à attendre que le temps passe et il faut donc les photographier en mouvement. Il est donc difficile de savoir si la pose était juste. J'ai aussi choisi le 105 Macro de sigma non seulement pour sa qualité optique qui n'a rien à envier au 100 de Canon, mais aussi parce que je n'avais pas besoin de l'USM. Toutes mes photos sont réalisées en manuel et il est préférable d'avancer et de reculer l'appareil photo plutôt que de faire une mise au point en automatique (ratage assuré !).

             Mon système flash se compose d'un flash annulaire MR14 EX et d'un 420 EX ainsi que le soleil. Je précise le soleil car pour moi, une photo d'insecte doit faire intervenir le soleil. Celui-ci doit être aussi important que la lumière des flashs. C'est lui qui donne l'ambiance à la photo et fait ressortir le fond vert de l'environnement. Le fond noir fait certes ressortir bien plus l'insecte, mais on perd alors toute vie.

             Je travaille donc avec le flash annulaire pour déboucher la face. Cependant, sur le MR14 EX, il est possible de faire varier la puissance respective des deux demi-flashs. Généralement, je règle rapport 1/4 ou 1/8 ; gauche ou droit selon la position de l'insecte. Dans ce cas, c'est le Flash A (à gauche) qui a le plus de puissance. Le flash 420 EX permet de se déclencher tout seul dans cordon, ce qui est très pratique pour éclairer sur le coté l'insecte ou même par derrière. On peut aussi régler directement sur le flash maître (l'annulaire) sa puissance de plus ou moins 3 diaphs.

             Je n'utilise jamais de pied ni monopode car ils sont plus encombrants qu'autre chose. L'ensemble et déjà assez lourd puisqu'il doit bien faire 3 ou 4 kilos.

            
III. Ma méthode de prise de vue

             Cette photographie en format paysage a été réalisée en format portrait (cf. ci contre) même si je la préfère ainsi il semble que les critiques la préfèrent à l'horizontale. A ce titre, les personnes à qui je la montre, la mettent naturellement à l'horizontale. Néanmoins, je vais vous expliquer sa réalisation dans le format portrait.

             A un moment donné le coléoptère s'est donc retrouvé au bout de cette tige aux couleurs rosées (enfin, je l'y ai un peu aidé). Le soleil est en haut à droite, mon flash annulaire éclaire de face et le 420 EX est posé par terre en bas à droite. Ce dernier permet de déboucher la face et les antennes de l'insecte qui sans cela auraient été noires. C'est une des grosses difficultés de photographier des insectes à la cuticule noire et brillante. La zone éclairée est très brillante et le reste est très noir. Mon appareil est toujours réglé en priorité vitesse et je règle donc l'ouverture du diaphragme en fonction de mes
besoins et de la lumière ambiante disponible. Dans ce cas, il y avait un beau soleil puissant de 16 heure. Le D30 est aussi toujours réglé en synchro-lente. Et c'est là que réside l'astuce pour réaliser une photo à l'ambiance " naturelle ". Par contre on perd la facilité que présente la synchro flash au 125ème ou 200ème (en fonction des appareils). Les photographies sont très souvent floues puisque je suis généralement au 1/60ème ou 1/30ème de seconde mais en contrepartie, je profite de la lumière ambiante. Je n'hésite pas si nécessaire à pousser le capteur CMOS du D30 à 400 ISO. Il est alors possible par la suite de réduite un peu le bruit de fond généré grâce au logiciel de retouche.


             En ce qui concerne le cadre, j'évite de centrer l'insecte et de le prendre en vue de dessus. De plus pour réaliser mes macrophotographies, je me mets toujours à hauteur de l'insecte. Ce qui veut dire que dans 99% des cas, je suis allongé par terre et que très souvent le boîter pose par terre aussi. Je peux donc réduire le risque de bouger et si besoin est, je peux intercaler ma main gauche sous le boîtier afin de servir de rehausse. C'est pourquoi je tiens le 1/30ème sans trop de problème.

             Après avoir fait de nombreuses macrophotos, il m'est apparu que tout comme le portrait, la mise au point doit se faire sur l'œil. Ceci est d'autant plus important que la profondeur de champ est très réduite. De même placer l'œil de l'insecte au milieu de l'image permet en général d'équilibrer celle-ci avec le décor. Bien évidemment ceci n'est pas valable pour toutes les photos. Mais dans ce cas présent vous pouvez noter que la tête d'insecte passe par la ligne horizontale qui coupe la photo en deux.

             Une petite remarque en ce qui concerne la focale de mon 105 Macro. Le capteur du D30 est plus petit que le négatif standard. En conséquence, il existe un facteur de multiplication à appliquer aux focales. Sur le D30, celui-ci est de x1,6. Le 105 Macro a donc une focale de 168 mm. Ceci me permet donc d'être un petit peu plus loin de l'insecte et de moins l'effrayer. Le capteur de D30 étant aussi plus petit, l'image qui se forme n'utilise que la partie centrale des lentilles. La qualité optique générale de l'image s'en trouve donc améliorée.

            
IV. Le travail de retouche

             Après avoir réalisé mes photographies, il est généralement nécessaire de les retoucher. Non pas de manière invasive, mais plutôt avec parcimonie. Le D30 fournit par exemple des fichiers au modelé extrêmement doux. Ceci est voulu de la part de Canon afin de laisser toute liberté au photographe de donner plus ou moins de netteté à l'image finale.

             Sous Photoshop, je crée un calque par duplication de la photo. Puis, je crée un masque sur ce deuxième calque. Ce calque va me permettre de rehausser uniquement la netteté sur les zones désirées et de pouvoir y revenir à tout moment. Je règle les niveaux, le contraste et la balance colorimétrique. Puis j'applique sur le 2ème plan, un masque flou afin de rehausser les détails.

             Dans le cadre de cette photographie, j'ai créé un troisième calque avec masque qui est exactement l'inverse du premier. Ceci signifie que les modifications de ce calque correspondent au fond de la photo. En effet, je n'aime pas du tout voir le bruit de fond du capteur. J'applique donc à ce troisième calque un flou gaussien léger.

             J'ai donc au final, un coléoptère où tous les détails sont parfaitement mis en valeur, et un fond flou où aucun grain n'est apparent.